Non soumis à une obligation de contrôle = à l’abri des légionelles ? La source de danger que représentent les chauffe-eau décentralisés dans les bâtiments d’habitation
Les chauffe-eau décentralisés sont utilisés dans les bâtiments d’habitation afin d’assurer l’alimentation d'unités individuelles ou de groupes de logements. Ceux-ci existent dans des versions à écoulement direct ou à accumulateur. Pour de nombreux propriétaires et sociétés de construction de logements, ils représentent une solution attrayante car il n’existe ici aucune obligation de contrôle des légionnelles conformément au § 31 du règlement allemand relatif à l’eau potable. Cependant, ces systèmes sont-ils aussi sûrs que les exploitants le pensent en raison des prescriptions normatives et de l’absence d’obligation de contrôle ?
Différences en matière d’obligation de contrôle des chauffe-eau
Les légionelles sont des bactéries en forme de bâtonnets naturellement présentes en petites quantités dans l’eau potable, mais pouvant causer de graves maladies, telles qu’une forme de pneumonie atypique (légionellose), à des concentrations élevées. Celles-ci trouvent des conditions de croissance idéales dans les installations d’eau potable dont les températures varient entre 30 et 45 °C. Afin d'éviter efficacement la prolifération des légionelles, les températures des chauffe-eau à circulation tels qu’on en retrouve souvent dans les grands bâtiments sont clairement définis dans le règlement renvoyant au règlement allemand relatif à l’eau potable : une température d’au moins 60 °C doit être atteinte à la sortie du chauffe-eau et celle-ci doit être d’au moins 55 °C sur chaque point de prélèvement du bâtiment et au retour de la circulation après un prélèvement de 3 litres. Un système est donc considéré comme sûr lorsqu’un fonctionnement conforme aux dispositions est assuré sur tous les points de prélèvement après 72 heures au plus tard.
La norme NF 1988-200 pour les chauffe-eau décentralisés
Les modèles repris au chapitre 9.7.2.4 de la norme NF 1988-200 comptent parmi les chauffe-eau décentralisés. Ceux-ci peuvent cependant être remis en question pour des raisons d’hygiène. Les immeubles de logement sont ici tout particulièrement concernés. En effet, la norme NF 1988-200 stipule ce qui suit : « Les chauffe-eau décentralisés à écoulement libre peuvent être exploités sans aucune autre exigence lorsqu’un volume de 3 l n’est pas dépassé dans le circuit. » Selon la norme, les températures de l’eau chaude peuvent donc être librement choisies ici, mais l’obligation de remplacement régulier de l’eau reste applicable à tous les points de prélèvement !
Au moment de rédiger cette norme, les législateurs n’auraient certainement pas pu imaginer que ces indications auraient des effets sur l’obligation d’un premier contrôle et de contrôle récurrent des légionelles. En effet, celle-ci est entrée en vigueur peu avant la mise sur pied du nouveau règlement allemand relatif à l’eau potable (TrinkwV), en 2011. (Vous trouverez ici de plus amples informations sur le règlement allemand relatif à l’eau potable actuel.) Celle-ci définit pour la toute première fois que, par exemple, les bâtiments de logement comptant plus de 2 unités de logement et dotés d’une grande installation centralisée pour la production d’eau potable chaude devraient faire l’objet d'un premier contrôle avant le 31.12.2013 au plus tard afin d’exclure la présence de légionelles – puis tous les trois ans. A contrario, cela signifie que les logements dotés de chauffe-eau décentralisés ne sont soumis à aucune obligation de contrôle. C’est en tout cas ce que de nombreuses personnes ont cru à tort – ce qu’a corrigé le ministère allemand de l’environnement dans un communiqué datant déjà de 2018.
Un autre facteur de risque des chauffe-eau décentralisés existe lorsque l’eau potable froide (PWC) dans le bâtiment est chauffée nettement au-delà de 25 °C par les canalisations de chauffage voisine et que certaines légionelles peuvent déjà proliférer de manière exagérée dans l’eau froide dans les zones centrales de l'installation d’eau potable. En effet, celles-ci ne sont pas tuées de manière sûre dans les échangeurs de chaleur à plaques du chauffe-eau décentralisé. La raison ici est que le temps de contact de l’eau potable avec les surfaces chaudes de l’échangeur de chaleur à plaques est bien trop court. Même à 60 °C, un temps de contact d’env. 30 minutes serait ici nécessaire !
Conclusion
Les légionelles peuvent proliférer de manière exagérée même dans les petites installations n’étant pas soumises à une obligation de contrôle ou dans les chauffe-eau décentralisés, même si ceux-ci ont été installés et conçus selon les règles de l’art. Les prescriptions de la norme NF 1988-200, chapitre 9.7.2.4 « Chauffe-eau décentralisés », en matière de température doivent être remises en question et ne semblent plus adaptés à notre époque en raison des expériences pratiques actuelles. Vous découvrirez dans la partie 2 relative aux chauffe-eau quelles sont les mesures pouvant être prises par les propriétaires et exploitants des bâtiments dotés de chauffe-eau décentralisés pour protéger efficacement les utilisateurs.